Veilleuse, exposition close.

 

Un lieu quelque part, 2010

1(culture)

(culture)
serre de jardin, guirlande de LED

 

2 bas reliefs

bas reliefs
dimension variable

 

5-le grand architecte4-le grand architecte-2

le grand architecte
table, brindilles, colle à bois, lampe d’architecte env. 160 x 100 x 70 cm

 

VEILLEUSE

La fête foraine, dans sa grande violence sensorielle, grave à jamais des souvenirs d’ivresse joyeuse dans nos yeux tendres. Si on envisage l’enfance d’Alexandra Guillot et son très probable émerveillement devant les lumières des manèges, on ne peut plus ignorer, pour regarder ses récents travaux d’artistes, les clignotements et néons qui ont veillé à sa découverte des barbes-à-papa.

Mais l’enfance foraine n’empêche pas d’avoir peur du noir. La vive inquiétude qu’elle produit est proportionnelle à l’imagination …. Et Alexandra a de l’imagination, simplement plutôt que de la mettre au service de la peur, elle lui attribue plutôt la tâche de faire de la nuit un faire-valoir aux lumières.

Bien qu’on ne puisse réduire à une seule interprétation les pièces lumineuses d’Alexandra Guillot, il est difficile d’échapper aux questions suggérées par la raison éclairée. Les philosophies du XVIII° siècle pourraient en effet, dans le contexte politique actuel, nous être fort utiles. Il y a dans les veilleuses d’Alexandra quelque chose comme une résistance au pouvoir obscur et violent qui censure, qui discrédite l’intelligence, l’étude et l’érudition. Alexandra aime l’art et ses propositions le démontrent discrètement. Quelques lampes de bureau révèleront un mur ancien pour le transformer en bas-relief. Une serre, cerveau, prendra le nom de «(Culture)».

Les veilleuses d’Alexandra Guillot se présentent comme des sculptures contextuelles où l’architecture est essentielle. Ici le labyrinthe bien que réduit à quelques salles tarabiscotées suggère les constructions méditerranéennes les plus anciennes. Chargées d’abriter les monstres, c’est-à-dire les choses à montrer, elles ont aussi pour fonction de les tenir captifs; une exposition close en quelque sorte. Si le vieux couple autonomie/contexte joue ici à plein régime c’est parce que la tension produite entre les deux par l’obscurité est à son comble. Pièces et «pièces» s’occultent et se magnifient mutuellement et alternativement.

Il y a dans les propositions d’Alexandra Guillot cette approche binaire, en damier, qu’on peut retrouver dans ses derniers travaux avec le Yi-Jing. L’alternance des deux signes censée décrire toutes les bifurcations possibles du destin semble être un modèle de travail. Le livre des transformations se présente comme la possibilité de comprendre la complexité à partir de la simplicité. Un assemblage simple ou même une lampe de chevet conduit chez Alexandra à des réflexions sinueuses. Elle utilise, somme toute, une vertu de la lumière qui consiste à faire voir et donc concevoir

Julien Bouillon, septembre 2010