Retable

Vidéo 4/3.
Son stéréo.
Durée : 23 min 16 s.

Des images, venues de loin, sauvées du dépérissement. Des images, du corps libidinal à la terre sèche, aride, ingrate des déserts qui toujours établiront, à chaque vision, de nouveaux rapports avec la parole dite et la parole tue de l‘écriture, jamais tout à fait audible ou déchiffrable. Vulve, mur de Léonard de Vinci : la matière mouvante du vidéographique se transporte dans une aube de l’image, dans une naissance sans cesse reportée, inachevée dans le mouvement qui, dans la palingénésie, mène de la mort à une naissance imparfaite qui n’est jamais tout à fait renaissance. Une poétique du glitch où l’altération tire tout à la fois vers un état antérieur, un état premier, impossible, et la pulvérisation, le démembrement par le dernier trou noir avant la fin des fins. Des images qui comme un cierge luisent, vacillantes, dans « l’ombre où le soleil se tait ».

Yann Ricordel

Retable est un film expérimental proposant une traversée des enfers, du purgatoire et du paradis.

Dans cette épopée, il nous fallait un guide, tout trouvé en la personne Dante Alighieri. Des extraits de sa Divine Comédie accompagnent les tableaux extérieurs, prologue et épilogue du film : composés d’images abstraites, ils sont portés par une musique composée et jouée par l’artiste plasticien Jérôme Poret.

Ayant pris soin de détériorer encore un peu plus les images que Robin Decourcy lui a confiées, Alexandra Guillot détruit la plupart des repères figuratifs (mis à part le cas des enfers) afin de donner de l’importance aux sous-titres et au son. Ainsi nous traversons les enfers avec les paroles de l’inquiétant pasteur Harry Powell extraites de La nuit du chasseur, puis le purgatoire, avec le texte d’une prière Tarkovskienne issue du Sacrifice accompagnée d’une studieuse suite pour violoncelle de Bach. Enfin, cernés par les vents, nous atteignons le désert du Paradis sous l’égide de Bunuel et sa Voie Lactée.