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De l’autre côté d’un miroir.

Galerie Le 22
Nice, 2014

 

1 - humeurs d ectoplames

Humeurs d’ectoplasmes
22 photographies sur papier Hahnemüle
30 x 30 cm chacune

 

12 apparition

Apparition
ensemble de 9 sérigraphies sur papier
30 x 45 cm chacune

 

13 la perception

La perception est une faculté bio-physique ou le phénomène physio-psychologique et culturel qui relie l’action du vivant aux mondes et à l’environnement par l’intermédiaire des sens et des idéologies individuels ou collectifs.
vidéo
51’33’’

 

Alexandra Guillot : De l’autre coté d’un fantôme

Tu as déjà convoqué dans tes pièces, ou même performance comme « Silencio » l’univers de la nuit, du conte. Dans cette exposition tu te concentres sur une figure récurrente liée à cet univers. Pourquoi ce choix particulier ?

Ce projet est entièrement consacré au thème de l’ectoplasme et de la représentation du fantôme au travers de trois pièces qui l’abordent de manières très différentes. D’abord parce que mon travail repose depuis longtemps sur l’apparition et la disparition. Ensuite parce que mon attrait pour les fantômes ne date pas d’hier. C’est une phobie de l’enfance teintée de fascination dont je me suis débarrassé tardivement. J’ai gardé toutefois un gout immodéré pour le romantisme noir ou le gothique. A Toulouse, dans mon exposition précédente, j’avais déjà convoqué cette figure mais mon premier travail sur ce thème fut la vidéo que je présente ici pour la première fois à Nice.

Avec « de l’autre coté d’un miroir », le fantôme de Lewis Caroll n’est pas très loin non plus ?

Oui, c’est vrai que l’on est toujours dans l’idée du conte. Chacun a son propre miroir et y voit sa propre construction mentale, sa propre histoire. Je propose une visite de l’autre côté de ce qui pourrait-être mon miroir, mon imaginaire. Le fait de parler « d’un miroir », implique aussi que ces manifestations puissent arriver n’importe où, à n’importe qui. C’est une manière de désacraliser, d’aborder le thème de l’au-delà sous un éclairage différent en intégrant la notion de quotidien car mon intention était aussi d’explorer les diverses représentations que génère ces phénomènes.

L’existence ou non de phénomènes paranormaux serait elle une béquille pour parler d’autre choses ?

Bien sur je ne vais pas marcher sur les plates bandes des extra-lucides (rires). Ce qui m’a intéressé c’est de figurer avec mes moyens de plasticienne la perception que l’on a de la vie après la mort et des chimères qui ont nourri nos cultures. On le voit très bien avec le cinéma qui est un vecteur populaire et universel. Le fantôme japonais n’a rien à voir avec celui écossais pas plus qu’avec celui invoqué dans le vaudou africain, et pourtant il en existe des représentations dans chacune de ces cultures.

Y compris chez nous car ceux de ma génération ont été marqués par le fantôme qui hantait le Louvres dans la série « Belphégor » interprétée par Juliette Gréco. Quelles ont été tes propres pistes ?

La vidéo que j’ai faite, compile la plupart des ces représentations de par le monde aussi saugrenues et peu crédibles soient elles. Encore une fois le propos est de donner à voir. Ces mises en scène, hantent à leur façon le net de Youtube à Dailymotion. Cette œuvre je la vois plutôt comme une collection d’art brut de notre époque. Certaines saynètes sont presque de l’art mais ceux qui les ont réalisés ne l’ont pas fait dans ce but précis. Le titre de cette pièce est la définition même de la perception. Elle est longue mais édifiante : « La perception est une faculté biophysique ou le phénomène physio psychologique et culturel qui relie l’action du vivant aux mondes et à l’environnement par l’intermédiaire des sens et des idéologies individuelles ou collectives. »

Une autre pièce évoque la figure spectrale, j’allais dire plus familièrement ?

Effectivement « Apparition » est un panneau de 9 portraits identiques en ovales, en forme de camée. Cet ensemble de sérigraphies représente une femme du siècle dernier. Le portrait originel en négatif dégageait déjà une impression irréelle mais entre chaque sérigraphie nous avons laissé sécher un peu l’écran afin que la trame soit plus altérée après chaque passage. Le rendu que je recherchais était que l’image se désagrège un peu plus à chaque fois jusqu’a ce qu’elle disparaisse et devienne fantomatique.

Le Portait ovale c’est aussi une nouvelle d’Edgar Allan Poe dans les nouvelles histoires extraordinaires ?

Dans « Apparition » qui est aussi une disparition, on sent, bien sur les influences qui m’ont toujours accompagné à commencer par le romantisme noir. Je ne pouvais pas faire moins que de citer un des pionniers du genre et l’un de mes auteurs préférés. D’autant que le portrait ovale raconte l’histoire d’une belle jeune femme dont l’âme finit par être absorbée par une peinture qui la représente. C‘est un véritable portrait peint par Robert Sully, exposé dans une galerie d’art de la 4th avenue à New York, qui donna à Poe l‘idée de départ. Ici comme dans ses autres nouvelles l’écrivain insiste sur ce que nous voyons lorsque nous regardons autour de nous et sur le fait que tous les témoins d’une scène ne verront jamais la même chose. On ne voit souvent que ce qu’on souhaite voir semble dire Poe à travers ces récits qui ouvrirent la brèche à de nombreux écrivains mêlant le romantisme aux forces invisibles, tels Oscar Wilde (Le Fantôme de Canterville), Bram Stocker (Dracula) Guy de Maupassant (le Horla) et bien d’autres !

Avec la dernière pièce tu abordes une forme moins connue du revenant dont la matérialisation flirte cette fois avec l’abstraction ?

L’idée de « Humeurs d’ectoplasmes » m’est venue du souvenir de l’exposition « Le troisième œil, La photographie et l’occulte » que j’ai pu voir en 2005 à la Maison européenne de la photographie. Elle fait implicitement référence à une série de clichés pour le moins étranges et qui firent scandale au début du siècle dernier en montrant des séances durant lesquels des sujets sous hypnose rejetaient par la bouche des ectoplasmes. Une des ces séries est celle réalisée par le Dr Glen Hamilton un médecin respecté, membre du Parlement Canadien. Dans son laboratoire une batterie de quatorze appareils photo munis de flashs électroniques photographia ces apparitions sous tous les angles simultanément. Les observateurs présents dont quatre autres médecins et deux juristes, déclarèrent avoir vu « de manière répétée des personnes décédées matérialisées »

Des observateurs septiques prouvèrent que l’on pouvait réaliser soi même ces clichés spectaculaires en usant de subterfuges qui n’ont rien de surnaturels. Toi même tu as créé toute une collection d’ectoplasmes, si j’ose dire ?

Evidement il s’agissait d’un canular, d’une mystification mais cette représentation à marqué les esprits. L’ectoplasme fut d’ailleurs très en vogue de 1910 à 1930. Il se manifeste sous des apparences diverses, gazeuses, liquides, vaporeuses, mais toujours abstraites. Il s’agit d’une substance, de nature indéterminée, prenant une forme plus ou moins précise, extériorisée par un médium en état de transe. Chacune de ces 22 humeurs est donc unique. Il s’agit d’un travail de sculpture à façon. Je me suis servi de cire, un matériau utilisé dans les rites sacrés, magiques. Une fois chauffée et, liquide, je l’ai plongé dans un bain d’eau glacée afin que des formes se figent de façon complètement aléatoires. J’ai ensuite photographié ces ectoplasmes dans mon atelier. Le résultat 22 photographies tirées sur papier et encadrées. Ces 22 humeurs d’ectoplasmes tiennent aussi sont aussi de la farce, et sont à appréhender avec un second degré. Mais le plus important c’est que l’ectoplasme est déjà une représentation collective parce que tout à coup dans plusieurs pays : Irlande, Canada, France, Angleterre, le fantôme a été représenté de cette façon. Je suis très attiré aussi par la manipulation. Je collectionne depuis longtemps des mails de voyants. J’avais commencé un travail là dessus en posant sur internet à des médiums une seule question et en collectant leurs réponses. Cela fera probablement l’objet d’une édition.

« De l’autre coté d’un Miroir » entretient une forte référence avec le début de siècle dernier. C’est une période qui t’intéresse ?

Avec cette exposition, je resserre mon travail sur la notion de perception dont je parlais à la Villa Caméline dans « L’heure du loup ». Et en la matière, le 19 éme siècle fut riche d’enseignements car il connu d’importants bouleversements scientifiques qui influencèrent le domaine de la pensée : L’électricité, les débuts du cinéma avec Méliès, (ancien prestidigitateur qui créa les premiers effets spéciaux), l’âge d’or des grands illusionnistes, du magnétisme, de l’occultisme. Bon nombres d’intellectuels ont participé activement à ces nouveaux courants. Conan Doyle, fut très lié aux cercles de l’occultisme. Il a même été impliqué dans une affaire scabreuse de mains en cire, utilisées dans les tables tournantes. Aux frontières de la recherche, ce siècle a vu naître des disciplines mi- scientifiques mi-occultistes relevant aujourd’hui de ce que l’on nomme le paranormal, sous la poussée entre autres de Charcot qui intégra l’hypnose à la médecine. Bref cette période charnière fut un véritable creuset d’expérimentations à la croisée du réel et de l’imaginaire qui générèrent bon nombre de représentations de l’invisible, la plupart étant encore bien ancrées dans nos esprits.

Propos recueillis par Olivier Marro.

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« Rêver l’obscur »

Galerie L’entrepôt – Daniel Boeri
Monaco, 2016

 

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Le sommeil de la raison on sait ce que c’est. On sait ce que ça engendre. Pas la peine de nous la refaire. On connaît la chanson. Il y a longtemps que les grands monstres ont été remplacés par des bêtes de seconde main, des bibelots plus ou moins grotesques, des nains de jardin.

En 1927 Benjamin le disait déjà : la nuit on croit partir pour les tréfonds de l’âme et on ne trouve que des choses. Que des meubles. Notre intérieur est aménagé selon le goût de la veille. Et l’onirique est le royaume du kitsch. Rajoutez à cette affaire un siècle de surréalisme et le constat est sans appel : la route vers l’obscur est entièrement bloquée. Bouchée par un affreux bric-à-brac. Partout l’imagerie précède la vision.

Mais on a beau savoir cela, on a beau l’avoir compris, on insiste cependant. Et il y a toujours un soir de lune où on rallume les bougies. Où l’on défigure les photos. Où on repeint en noir les cages à oiseaux. On ressort les vases et la passementerie. On redit en tremblant le mot « table de nuit ». Et on va marauder des fleurs fanées dans les caveaux de famille.

Nos angoisses, c’est certain, sont engluées à jamais dans le fixateur. Rien ne pourra les en démêler. Mais, même si l’on n’a réuni pour l’occasion qu’une pauvre compagnie de ready-made, il faut que l’on rejoue encore une fois Le Cauchemar Électrique de la Dentellière.

Car on a aussi appris avec le temps à repérer les failles dans le décor, les gouffres dans la marchandise. A voir l’horreur dans la verroterie. Et on ne veut rien de plus maintenant que ces terreurs d’attraction.

Aujourd’hui les spectres voyagent dans des trains fantômes.

Patrice Blouin

 

1

Table de nuit (L’icône anonyme)
Table de nuit, portrait 10 x 15 cm, lampe, ampoule, peinture, napperon

 

2

Table de nuit (À nos marins)
Table de nuit, bateau, peinture, caparol, lampe, ampoule, napperon

 

3

Sans titre
65 x 75 cm
Cadre en bois, bougies, caparol, peinture

 

4

Sans titre
25,5 x 23 cm
Cadre en bois, bougies, caparol, peinture

 

5

Sans titre
31,5 x 25,5 cm
Cadre en bois, bougies, caparol, peinture

 

6

Table de nuit (Le gardien de cimetière)
Table de nuit, cage à oiseau, vases, peintures, roses blanches séchées, ampoule, napperon

 

8 9 10 11 12 13 14

Sans titre
Bibelot, bougies, peinture, caparol, napperon

 

15

Table de nuit (L’informe)
Table de nuit, bibelot, peinture, caparol, lampe, ampoule, napperon

 

16

Table de nuit (Boire à l’amour)
Table de nuit, bibelot, paillettes, lampe, ampoule, bouteille, bougies, caparol, peinture, napperon

 

17

Table de nuit (L’envol)
Table de nuit, lampe, ampoule, bibelot, bougies, caparol, peinture, napperon

 

 

CV

Alexandra Guillot
14, rue fontaine de la ville
06300 Nice
alexandraguillot.com
documentsdartistes.org/guillot
lechantdesmatelots.net

Née en1980 à Bayonne (64), France.

Fondatrice du site Le chant des matelots.

EXPOSITIONS PERSONNELLES

2018 : – Deux mètres quarante-quatre fois deux mètres quarante-quatre, Le Dojo, Nice, France.

2017 : – Contes de l’homme meublé, galerie le 22, Nice, France
– I Have Seen Facts & Fiction, Atelier de Ben, Nice, France

2016 : – I Have Seen Facts & Fiction, Numéro 13, Bruxelles, Belgique
– « Rêver l’obscur », galerie L’entrepôt – Daniel Boeri, Monaco

2014 : – De l’autre côté d’un miroir, Galerie Le 22, Nice France

2013 : – Midnight Tales, Mix’art Myrys, Toulouse, France
– L’heure du loup, Maison Abandonnée Villa Cameline, Nice, France (catalogue)

2010 : – Veilleuses, exposition close, un lieu quelque part, France

2009 : – Miscellanées, galerie La Maison, Nice, France
– Les singularités quelconques, Le lavoir moderne, Paris, France

EXPOSITIONS COLLECTIVES

2018 : – Avis de grand frais, Le Suquet des Artistes, Cannes, France (avec La Station)

2017 : – Les vies de Cagliostro, galerie 22,48m2, Paris, France
– Éclairage public, inauguration du 109, Nice, France

2016 : – Run Run Run, Villa Arson, Nice, France
– Impression d’ateliers II, CIAC, Carros, France
– Le Palais idéal des égo étranges, château de Hauterives, France

2015 : – Drawing Room, foire de dessin avec la galerie Le 22, Montpellier, France
– Un automne Public averti*, château de Villequiers, France
– Blackout Basel, Austellungraum Kligental, Bâle, Suisse
– Il était une fois.., Hôtel Burrhus, Vaison la Romaine, France
– Festival Do Disturb, Palais de Tokyo, Paris, France
– Gas Station, Gagliardi Art System, Turin, Italie (avec La Station)

2014 :  – Saison 17, Le Garage, Brive la Gaillarde, France (avec La Station)
– Quand même…, Galerie le 22, Nice, France

2013 :  – Festiwal Narracje, Gdansk, Pologne
– Tabou, totem, fétiche et divan, Le Salon, Nice, France
– Saison 17, Lieu Commun, Toulouse, France (avec La Station)
– Mano a mano, Le Salon, Nice, France
– Cathy, Jean-Paul, Peg Entwistle et les autres, Au 8 rue saint bon, Paris, France.
– Medusa Caravage Salon, Galerie Dominique Fiat, Paris, France

2012 :  – Sunchine & Precipitation, Belfast, Grande Bretagne (avec La Station)
– Proxemie, Le Salon, Nice, France (commissariat)
– Symbiose culturelle, Biennale Off, Dakar, Sénégal
– À la vie délibérée !, Villa Arson, Nice, France (catalogue)
– Le cerveau, Espace à débattre, Nice, France

2011 :  – Ratio Natura Poesis, MDAC, Cagnes-sur-mer, dans le cadre de la manifestation L’art contemporain et la Côte d’Azur
– Cure d’Azote, La Maison, galerie singulière, dans le cadre de la manifestation L’art contemporain et la Côte d’Azur (catalogue)
– Supports d’attaches à sons d’attaques supposées, la Zonmé, Nice, dans le cadre de la manifestation L’art contemporain et la Côte d’Azur
– Pour les femmes, Espace à débattre, Nice, dans le cadre de la manifestation L’art contemporain et la Côte d’Azur
– Que sera sera, CAN de Neuchâtel, Suisse (avec La Station)

2010 :  – Supervues 2010, 3 jours à l’hôtel Burrhus, Vaison la Romaine, France (avec La Station)
– Autostation, La Station, Nice, France
– Le beau le bien le vrai, N.O.S, Tulette, France (catalogue)
– Hortus Medicus, Kunstverein Bad Salzdetfurth, Allemagne (catalogue)
– Les visiteurs du soir, Castel Plage, Nice, France
– Deux jours et trois nuits, galery Elaine Levy Project, Bruxelles, Belgique

2009 :  – 1+2+3+4, CCNOA, Bruxelles, Belgique (avec La Station)
– Ex Voto, Piedrigigio, Corse, France
– exposition collective à la galerie La Maison, Nice, France

2008 :  – Carte blanche à la Station, Palais de Tokyo, Paris, France (avec La Station)
– Subito, chateau de la Lucertola, Apricale, Italie (avec La Station)
– « Que le nouveau émerge de l’ancien » Mao, à cent métres du centre du monde,
Perpignan, France (avec La Station)

2007 :  – Hope you guess my name…, galerie La Maison, Nice, France

2006 :  – Les yeux écoutent, les oreilles regardent, inauguration  de la médiathèque
d’Antibes, France
– écos, festival international d’éco-création, jardin de la Cité du Corbusier, Rezé,
France

2005 :  – Les journées du patrimoine, La friche Belle de Mai, Marseille, France
– Programmation vidéo à la Friche Belle de Mai, Marseille, France
– génération 2005, à la galerie de la Marine et la galerie du Chateau, Nice, France
(catalogue)

2004 :  – #1, exposition d’inauguration, Le désappartement, Nice, France

2003 :  – Lee 3 tau cety central Armory show, Villa Arson, Nice, France (catalogue)
– Mars au musée, Villa Arson, Nice, France

2001 :  – Biennale, Bayonne, France

PUBLICATIONS

2016 : – Votre futur est plein d’avenir, suivi de Alexandra Guillot, une sorcière contemporaine par Marion Zilio, éditeur Presses Littéraires, date de parution 05/12/2016
– En-ménagement, nouvelle parue dans le recueil La folie édité par Jacques Flament, paru en octobre 2016.
– À la marge, éditeur Presses Littéraires, date de parution 10/03/2016

RÉSIDENCES

2009 : Résidence, La villa du lavoir, Paris
2006 : China Academy of Art, Hanghzou, Chine
2005 : La friche belle de mai, en tant que performeuse dans le cadre de la chorégraphie Les créatures, création performative de Robin Decourcy, festival Dansem, Marseille

 

ÉTUDES

2005 : diplôme national supérieur d’expression plastique (DNSEP)
2003 : diplôme national d’art plastique (DNAP)
2000-2005 : école des beaux-arts la Villa Arson, Nice
1998-2000 : préparation aux beaux-arts, Bayonne

AIDES

2008 : CAC région PACA pour le projet de sérigraphies Graphic Desire.
2010 : AIC DRAC PACA pour le projet photographique Memories.
2012 : CAC région PACA pour le projet d’exposition L’heure du loup.

La perception…

La perception est une faculté bio-physique ou le phénomène physio-psychologique et culturel qui relie l’action du vivant aux mondes et à l’environnement par l’intermédiaire des sens et des idéologies individuels ou collectifs. 2011
Vidéo 16/9, son stéréo, durée : 51 min 33 s

Ce film est constitué d’une collection de vidéos d’apparitions fantomatiques et autres phénomènes paranormaux. Toutes les séquences sont issues d’internet.
Je considère ce film comme une version contemporaine de la photographie spirite, comme une analyse de la représentation du fantôme aujourd’hui (dont le cinéma se sert depuis « Le projet Blairwitch » par exemple).
Le titre n’est autre que le début de la définition du mot « perception » dans Wikipédia. Tout le monde ne serait pas apte à voir ces entités. La problématique du fantôme serait donc une problématique de perception.

Retable

Vidéo 4/3.
Son stéréo.
Durée : 23 min 16 s.

Des images, venues de loin, sauvées du dépérissement. Des images, du corps libidinal à la terre sèche, aride, ingrate des déserts qui toujours établiront, à chaque vision, de nouveaux rapports avec la parole dite et la parole tue de l‘écriture, jamais tout à fait audible ou déchiffrable. Vulve, mur de Léonard de Vinci : la matière mouvante du vidéographique se transporte dans une aube de l’image, dans une naissance sans cesse reportée, inachevée dans le mouvement qui, dans la palingénésie, mène de la mort à une naissance imparfaite qui n’est jamais tout à fait renaissance. Une poétique du glitch où l’altération tire tout à la fois vers un état antérieur, un état premier, impossible, et la pulvérisation, le démembrement par le dernier trou noir avant la fin des fins. Des images qui comme un cierge luisent, vacillantes, dans « l’ombre où le soleil se tait ».

Yann Ricordel

Retable est un film expérimental proposant une traversée des enfers, du purgatoire et du paradis.

Dans cette épopée, il nous fallait un guide, tout trouvé en la personne Dante Alighieri. Des extraits de sa Divine Comédie accompagnent les tableaux extérieurs, prologue et épilogue du film : composés d’images abstraites, ils sont portés par une musique composée et jouée par l’artiste plasticien Jérôme Poret.

Ayant pris soin de détériorer encore un peu plus les images que Robin Decourcy lui a confiées, Alexandra Guillot détruit la plupart des repères figuratifs (mis à part le cas des enfers) afin de donner de l’importance aux sous-titres et au son. Ainsi nous traversons les enfers avec les paroles de l’inquiétant pasteur Harry Powell extraites de La nuit du chasseur, puis le purgatoire, avec le texte d’une prière Tarkovskienne issue du Sacrifice accompagnée d’une studieuse suite pour violoncelle de Bach. Enfin, cernés par les vents, nous atteignons le désert du Paradis sous l’égide de Bunuel et sa Voie Lactée.

Certains meurent pas moi

Certains meurent, pas moi
2014
vidéo 10 min 27 sec

« La pensée sans l’image fait du poète le plus vivant le bavard le plus fastidieux.[1]»

Sous le prétexte d’une fiction, Certains meurent, pas moi est une œuvre qui explore les relations entre son, image et texte.

Alexandra Guillot nous raconte dans cette vidéo l’histoire d’Hector, qui se réveille dans un endroit obscur et indéterminé. Nous suivons ses pensées, plus ou moins rationnelles et lucides selon les moments. Des images floues et colorées l’accompagnent ; un son sourd, grave et cliquetant suit un crescendo qui trouvera son point culminant à la fin du récit. Pas de voix off, seule une ligne d’écriture défile en bas de l’’image comme une bannière.

Le texte suit le fil des pensées d’Hector et ne s’interrompt qu’à deux reprises. Il construit une narration en trois parties : un prélude, un récit[2] sous forme d’analepse (ou de flashback) et un épilogue. Alexandra Guillot utilise donc une structure dramatique classique, mais n’apporte pas de dénouement à son histoire. Elle laisse délibérément le champ libre à l’imagination du spectateur : Hector est-il en train de mourir ? D’halluciner ? De rêver ?

Les images, le son et le titre ne nous aideront pas plus que le texte à découvrir la vérité, nous laissant avec ce pauvre Hector dans les limbes. L’atmosphère est ici monstrueusement douce : le son et l’image, organiques, mutants, angoissants, pourraient illustrer une nouvelle d’Howard Philips Lovecraft ou d’Edgar Allan Poe, tandis que le texte nous renverrait plutôt vers la prose d’Haruki Murakami de par son calme et son onirisme. Leur dialogue confère à l’œuvre une qualité de phantasme, de rêve éveillé[3].

La vidéo originale est issue des archives personnelles de l’artiste : retravaillée numériquement, elle a subi différentes altérations produisant une abstraction, une juxtaposition de figures mouvantes et distordues. Celles-ci ressemblent à des phosphènes, phénomènes qui se traduisent par la sensation d’avoir des taches lumineuses dans le champ visuel, y compris les yeux fermés (notamment dans les états de demi-sommeil ou en cas de troubles neurologiques).

Le dialogue entre l’animation de formes filmiques et la partition sonore rappellent les œuvres de Fischinger, Eggeling ou bien encore Ruttmann, dont les films ont marqué la première partie du vingtième siècle ; l’atmosphère surréalisante convoque quant à elle le cinéma expressionniste de la même époque, référence récurrente chez l’artiste.

Ici se pose la question de l’expression formelle de la fiction : en quoi les médiums choisis ont-ils une influence sur le récit lui-même ? Car l’histoire d’Hector n’est pas seulement son récit écrit : elle se forme grâce à la juxtaposition du texte, de l’image et du son, chacune des parties jouant son rôle dans une partition que l’on pourrait nommer narration.

Cette question et ses possibles réponses traversent depuis longtemps déjà le corpus d’œuvres d’Alexandra Guillot, depuis ses textes, fragments d’histoires sans début ni fin à l’onirisme parcellaire et halluciné[4], jusqu’à ses vidéos les plus récentes, notamment Retable (2013), déjà structurée en 3 actes ou tableaux à partir d’extraits filmiques variés.

Pauline Thyss, février 2015

[1] Laocoon ; Lessing, 1766, chapitre 18 (édition Hermann)

[2] Le mot « récit » est ici délibérément utilisé dans sa fonction issue de la tragédie classique, la narration d’un événement qui a lieu hors de la scène.

[3] « Les phantasmes poétiques [sont] par leur enargeia, des rêves éveillés. » (phantasmes : tableaux poétiques ; enargeia : illusion ; chez les grecs, notamment Homère). Laocoon – Chap 14 ; Lessing, 1766

[4] voir pour exemple le document « Vrac » ; qui regroupe les textes d’Alexandra Guillot. Vous y trouverez une version du texte de la vidéo Certains meurent, pas moi, légèrement différente. Vous découvrirez également qu’il s’agit en réalité du second texte intitulé ainsi par l’artiste.

graphic desire

fragiles impressions